terça-feira, 7 de maio de 2013

Poesia de Arthur Rimbaud



Fêtes de la faim
Arthur Rimbaud (1854-1891)

Ma faim, Anne, Anne,
Fuis sur ton âne.

Si j'ai du goût, ce n'est guères
Que pour la terre et les pierres.
Dinn ! dinn ! dinn ! dinn ! Mangeons l'air,
Le roc, les charbons, le fer.

Mes faims, tournez. Paissez, faims,
Le pré des sons !
Attirez le gai venin
Des liserons ;

Mangez
Les cailloux qu'un pauvre brise,
Les vieilles pierres d'église,
Les galets, fils des déluges,
Pains couchés aux vallées grises !

Mes faims, c'est les bouts d'air noir ;
L'azur sonneur ;
- C'est l'estomac qui me tire.
C'est le malheur.

Sur terre ont paru les feuilles !
Je vais aux chairs de fruit blettes.
Au sein du sillon je cueille
La doucette et la violette.

Ma faim, Anne, Anne !
Fuis sur ton âne.


Fiestas del hambre

Mi hambre, Ana, Ana,
huye a lomos de tu borrico.

Si a algo tengo afición, no será
más que a la tierra y a las piedras.
¡Ding! ¡Ding! ¡Ding! ¡Ding! Pazco aire,
rocas, Tierras, hierro.

Hambres mías, girad. ¡Pastad, hambres,
del prado de los sonidos!
Después del amable y vibrante veneno
de las corregüelas.

Los guijarros que un pobre rompe,
las viejas piedras de iglesia,
los cantos rodados, hijos de los diluvios,
¡panes que yacen en los valles grises!

Mis hambres son los fragmentos de aire negro;
el azul resonante;
es el estómago quien me arrastra.
Es la desdicha.

Por tierra aparecieron las hojas:
voy por las carnes de las frutas pochas.
En el seno del surco recojo
hierba de los canónigos y violetas.

Mi hambre, Ana, Ana,
huye a lomos de tu borrico.
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Sensation
Arthur Rimbaud (1854-1891)

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.


Sensación


En los atardeceres azules de verano iré por los senderos,
picoteado por el trigo, a pisar la hierba menuda:
soñador, sentiré su frescura bajo mis pies.
Dejaré que el viento bañe mi cabeza desnuda.

No hablaré ni pensaré nada,
pero el amor infinito ascenderá en mi alma,
e iré lejos, muy lejos, igual que un bohemio,
por la Naturaleza, feliz como junto a una mujer.
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