Il pleut dans mon coeur...
Paul Verlaine (1844-1896)
Il pleut doucement sur la ville.
Arthur Rimbaud
Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville,
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?
Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie
Ô le chant de la pluie !
Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écœure.
Quoi ! nulle trahison ?
Ce deuil c'est sans raison.
C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine,
Mon coeur a tant de peine !
Llora en mi corazón...
Llueve suavemente sobre la ciudad
Arthur Rimbaud
Llora en mi corazón
Como llueve sobre la ciudad
¿Qué es esta desazón
Que penetra mi corazón?
Ay, ruido dulce de la lluvia
Por la tierra y sobre los techos
Para un corazón que es abulia
Ay, el canto de la lluvia
Llora y no hay razón
En este corazón que siente asco
¡Qué! ¿Ninguna traición?
Este duelo se da sin razón
Y es así de todos el peor dolor
De no saber por qué
Sin amor y sin rencor
Mi corazón tiene tanto dolor
Libellés : Paul Verlaine
Même Féerie
Paul Valéry (1871-1945)
La lune mince verse une lueur sacrée,
Comme une jupe d'un tissu d'argent léger,
Sur les masses de marbre où marche et croit songer
Quelque vierge de perle une gaze nacrée.
Pour les cygnes soyeux qui frôlent les roseaux
De carènes de plume à demi lumineuse,
Sa main cueille et dispense une rose neigeuse
Dont les pétales font des cercles sur les eaux.
Délicieux désert, solitude pâmée,
Quand le remous de l'eau par la lune lamée
Compte éternellement ses échos de cristal,
Quel coeur pourrait souffir l'inexorable charme
De la nuit éclatante au firmament fatal,
Sans tirer de soi-même un cri pur comme une arme?
Encantamiento
Vierte la luna débil sus albores sagrados
como una basquiña ,de vaporoso argento
sobre moles de mármol que cruza el soñoliento
paso de alguna virgen en velos nacarados.
A los cisnes sedeños que abren los juncales
con su quilla de pluma donde la luz reposa
les deshoja su mano la más nevada rosa,
y en el agua los pétalos difunden espirales.
Soledad extasiada, dulcificante duna,
cuando el agua hervorosa bruñida por la luna
sus voces cristalinas sin término propaga,
-¿qué alma padeciera la magia inexorable
de la rútila noche con su cielo implacable
sin exhalar un grito puro como una daga?
Versión de Carlos López Narváez
Paul Valéry (1871-1945)
La lune mince verse une lueur sacrée,
Comme une jupe d'un tissu d'argent léger,
Sur les masses de marbre où marche et croit songer
Quelque vierge de perle une gaze nacrée.
Pour les cygnes soyeux qui frôlent les roseaux
De carènes de plume à demi lumineuse,
Sa main cueille et dispense une rose neigeuse
Dont les pétales font des cercles sur les eaux.
Délicieux désert, solitude pâmée,
Quand le remous de l'eau par la lune lamée
Compte éternellement ses échos de cristal,
Quel coeur pourrait souffir l'inexorable charme
De la nuit éclatante au firmament fatal,
Sans tirer de soi-même un cri pur comme une arme?
Encantamiento
Vierte la luna débil sus albores sagrados
como una basquiña ,de vaporoso argento
sobre moles de mármol que cruza el soñoliento
paso de alguna virgen en velos nacarados.
A los cisnes sedeños que abren los juncales
con su quilla de pluma donde la luz reposa
les deshoja su mano la más nevada rosa,
y en el agua los pétalos difunden espirales.
Soledad extasiada, dulcificante duna,
cuando el agua hervorosa bruñida por la luna
sus voces cristalinas sin término propaga,
-¿qué alma padeciera la magia inexorable
de la rútila noche con su cielo implacable
sin exhalar un grito puro como una daga?
Versión de Carlos López Narváez
Libellés : Paul Valéry
Les pas
Paul Valéry (1871-1945)
Tes pas, enfants de mon silence,
Saintement, lentement placés,
Vers le lit de ma vigilance
Procèdent muets et glacés.
Personne pure, ombre divine,
Qu'ils sont doux, tes pas retenus
!Dieux !... tous les dons que je devine
Viennent à moi sur ces pieds nus !
Si, de tes lèvres avancées,
Tu prépares pour l'apaiser,
A l'habitant de mes pensées
La nourriture d'un baiser,
Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d'être et de n'être pas,
Car j'ai vécu de vous attendre,
Et mon coeur n'était que vos pas
Los pasos
Pasos nacidos de un silencio
tenue, sagradamente dados,
hacia el recinto de mis sueños
vienen tranquilos, apagados.
Rumores puros y divinos,
todos los dones que descubro
-¡oh blandos pasos reprimidos!-
llegan desde tus pies desnudos.
Si en el convite de tus labios
ecoge para su sosiego
mi pensamiento -huésped ávido-
el vivo manjar de tu beso.
Avanza con dulzura lenta,
con ternura de ritmos vagos:
como ha vivido de tu espera,
mi corazón marcha en tus pasos.
Paul Valéry (1871-1945)
Tes pas, enfants de mon silence,
Saintement, lentement placés,
Vers le lit de ma vigilance
Procèdent muets et glacés.
Personne pure, ombre divine,
Qu'ils sont doux, tes pas retenus
!Dieux !... tous les dons que je devine
Viennent à moi sur ces pieds nus !
Si, de tes lèvres avancées,
Tu prépares pour l'apaiser,
A l'habitant de mes pensées
La nourriture d'un baiser,
Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d'être et de n'être pas,
Car j'ai vécu de vous attendre,
Et mon coeur n'était que vos pas
Los pasos
Pasos nacidos de un silencio
tenue, sagradamente dados,
hacia el recinto de mis sueños
vienen tranquilos, apagados.
Rumores puros y divinos,
todos los dones que descubro
-¡oh blandos pasos reprimidos!-
llegan desde tus pies desnudos.
Si en el convite de tus labios
ecoge para su sosiego
mi pensamiento -huésped ávido-
el vivo manjar de tu beso.
Avanza con dulzura lenta,
con ternura de ritmos vagos:
como ha vivido de tu espera,
mi corazón marcha en tus pasos.
Libellés : Paul Valéry
allade de la mauvaise réputation Paul Verlaine (1844-1896) Il eut des temps quelques argents Et régla ses camarades D'un sexe ou deux, intelligents Ou charmants, ou bien les deux grades, Si que dans les esprits malades Sa bonne réputation Subit que de dégringolades! Lucullus? Non. Trimalcion. Sous ses lambris, c'étaient des chants Et des paroles point trop fades. Eros et Bacchos indulgents Présidaient à ces sérénades Qu'accompagnaient des embrassades. Puis choeurs et conversation Cessaient pour des fins peu maussades. Lucullus? Non. Trimalcion. L'aube pointait et ces méchants La saluaient par cent aubades Qui réveillaient au loin les gens De bien, et par mille rasades. Cependant de vagues brigades - Zèle ou dénonciation - Verbalisaient chez des alcades. Lucullus? Non. Trimalcion. Balada de la mala reputación A veces tuvo algún dinero e invitó a sus camaradas de un sexo o de dos, inteligentes o encantadores, o bien ambas cosas, sin que en los espíritus enfermos su buena reputación sufriese más que tropezones. ¿ Lúculo ? No, ¡Trimalción ! Bajo sus artesonados, cantos y palabras nada insípidas, Eros y Baco, indulgentes, Presidían aquellas serenatas Acompañadas por abrazos. Luego, coros y conversaciones Cesaban para unos fines poco severos. ¿ Lúculo ? No, ¡Trimalción ! El alba despuntaba y aquellos malvados la saludaban con cien alboradas que despertaban, y con mil brindis, de lejos a las gentes de bien. Sin embargo, vagos brigadas -¿ celo o denuncia ? - verbalizaban en las alcaldías. ¿ Lúculo ? No, ¡Trimalción !
Libellés : Paul Verlaine
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Promenade sentimentale
Paul Verlaine (1844-1896)
Le couchant dardait ses rayons suprêmes
Et le vent berçait les nénuphars blêmes ;
Les grands nénuphars entre les roseaux
Tristement luisaient sur les calmes eaux.
Moi j'errais tout seul, promenant ma plaie
Au long de l'étang, parmi la saulaie
Où la brume vague évoquait un grand
Fantôme laiteux se désespérant
Et pleurant avec la voix des sarcelles
Qui se rappelaient en battant des ailes
Parmi la saulaie où j'errais tout seul
Promenant ma plaie ; et l'épais linceul
Des ténèbres vint noyer les suprêmes
Rayons du couchant dans ses ondes blêmes
Et des nénuphars, parmi les roseaux,
Des grands nénuphars sur les calmes eaux.
Paseo sentimental
El ocaso lanzaba sus rayos supremos
Y el viento mecía los nenúfares pálidos;
Los grandes nenúfares, entre las cañas,
Lucían tristemente sobre las aguas quietas.
Yo, erraba solo, paseando mi llaga
A lo largo del estanque, entre los sauces
Donde la vaga bruma evocaba un gran
Fantasma lechoso desesperándose
Y llorando con la voz de los ánades
Que se llaman batiendo sus alas
Entre los sauces donde yo erraba solo
Paseando mi llaga; y la espesa mortaja
De las tinieblas vino a ahogar los supremos
Rayos del ocaso en esas olas pálidas
De los nenúfares entre las cañas,
Los grandes nenúfares sobre las aguas quietas.
Paul Verlaine (1844-1896)
Le couchant dardait ses rayons suprêmes
Et le vent berçait les nénuphars blêmes ;
Les grands nénuphars entre les roseaux
Tristement luisaient sur les calmes eaux.
Moi j'errais tout seul, promenant ma plaie
Au long de l'étang, parmi la saulaie
Où la brume vague évoquait un grand
Fantôme laiteux se désespérant
Et pleurant avec la voix des sarcelles
Qui se rappelaient en battant des ailes
Parmi la saulaie où j'errais tout seul
Promenant ma plaie ; et l'épais linceul
Des ténèbres vint noyer les suprêmes
Rayons du couchant dans ses ondes blêmes
Et des nénuphars, parmi les roseaux,
Des grands nénuphars sur les calmes eaux.
Paseo sentimental
El ocaso lanzaba sus rayos supremos
Y el viento mecía los nenúfares pálidos;
Los grandes nenúfares, entre las cañas,
Lucían tristemente sobre las aguas quietas.
Yo, erraba solo, paseando mi llaga
A lo largo del estanque, entre los sauces
Donde la vaga bruma evocaba un gran
Fantasma lechoso desesperándose
Y llorando con la voz de los ánades
Que se llaman batiendo sus alas
Entre los sauces donde yo erraba solo
Paseando mi llaga; y la espesa mortaja
De las tinieblas vino a ahogar los supremos
Rayos del ocaso en esas olas pálidas
De los nenúfares entre las cañas,
Los grandes nenúfares sobre las aguas quietas.
Libellés : Paul Verlaine
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