Samedi 16 mai 2009 6 16 05 2009 21:15
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Né à Paris en 1897, Louis Aragon est l’une des figures marquantes du mouvement surréaliste qu’il fonde aves ses amis André Breton et Philippe Soupault au début des années vingt. Quelques années plus tard, le poète adhère au parti communiste et rencontre l’écrivain d’origine russe Elsa Triolet qui deviendra la compagne de toute une vie. Aragon est un poète engagé. Il écrit « strophes pour se souvenir », poème extrait du Roman Inachevé, en 1955, en mémoire du groupe Manouchian, résistants étrangers fusillés par la Gestapo en 1944. Il mourra le 24 décembre 1982 à Paris.
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[J’ai choisi pour image cette affiche, qui représente des résistants étrangers ( le groupe Manouchian ), car le poème y fait référence.]
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Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans
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Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
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Nul ne semblait vous voir français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents
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Tout avait la couleur uniforme du givre
À la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
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Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
.
Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant
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Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant.
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans
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Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
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Nul ne semblait vous voir français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents
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Tout avait la couleur uniforme du givre
À la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
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Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
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Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant
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Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant.
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Ce poème engagé constitué de sept strophes est composé de cinq vers en alexandrins dont les rimes sont régulières suivant un seul schéma : ABBAB.
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Il a été écrit dans le but de remémorer, laisser une trace de certains faits et préserver l’oubli ; on peut le voir grâce au titre « Strophes pour se souvenir » et au vers suivants « Onze ans déjà que cela passe vite onze ans ». Ce poème décrit un paysage bien triste en temps de guerre de part la présence des couleurs ; le noir « noir de barbe », le gris « Tout avait la couleur uniforme du givre » et le rouge « l’affiche qui semblait comme une tache de sang ». On peut relever le champ lexical de la mort (les tueries de la guerre) : « mort, derniers moments, mourir, agonisants…» et le champ lexical du danger : « noirs, menaçants, nuit ».
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Louis Aragon fait l’éloge de ces résistants étrangers ( groupe Manouchian ), il les présente comme des hommes courageux « La mort n’éblouit pas les yeux des partisans » prêt à sacrifier leur vie « MORTS POUR LA FRANCE ».
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On peut remarquer au niveau des strophes quatre (fin), cinq et six, un poème, d'un des résistants du groupe Manouchian, dans ce poème par la présence d’un discours direct introduit par « Et c’est alors que l’un de vous dit calmement ». L’auteur utilise le registre pathétique pour nous toucher et en introduisant ce poème il rend hommage à ce poète résistant.
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Dans la dernière strophe, il y a la présence d’un registre pathétique presque lyrique avec la présence d’une antithèse « Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir ».
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Pour finir, Aragon utilise certaines expressions pour symboliser la vie et l’espoir « Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant », « Un grand soleil d’hiver éclaire la colline ».
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J’ai choisi ce poème pour la structure du poème dans le poème ; de ce fait, on ressent plus les sentiments de ce résistant. Ce poème m’a aussi touché car il relate des faits passés pour ne pas les oublier.
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http://1poeme1image.over-blog.com/article-31503161.html
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